Description :
Depuis plusieurs années, Adeline Contreras oeuvre à l’élaboration de volumes (sculptures et installations) confectionnés à partir de raphia, de filasse ou de mousseline de coton qu'elle tresse, entortille, couds, découds, brode ainsi que des éléments en grès, pour obtenir des formes d’habitat évoquant la naissance de la vie végétale ou animale. Cette exposition sera présentée dans le cadre d'une résidence artistique d'Adeline Contreras à la Ferme du Vinatier où elle animera des ateliers de création artistique avec les usagers de l'hôpital en vue d'une création collective à base de tissus, de fibres et de terre.
Description Longue :
C'est en 1868, soit trente ans après la fameuse loi d'assistance aux aliénés de 1838 (chaque département est tenu d'avoir un établissement public, spécialement destiné à recevoir et soigner les aliénés), que le Conseil général du Rhône décide la création de l'Asile d'aliénés de Bron, destiné à recevoir les malades mentaux jusque-là placés à l'Antiquaille. Cent hectares de terrain sont progressivement acquis pour la construction de l'asile, en périphérie de la ville et de la société. L'architecte départemental Antonin Louvier, par ailleurs concepteur de la Préfecture du Rhône, de la prison Saint-Paul et d'écoles primaires, est chargé du projet. Il s'inspire des thèses d'Esquirol, selon lesquelles l'asile a pour but de rassembler, d'isoler, de protéger et de traiter les aliénés. Proche de celles d'autres asiles, notamment de Ville-Evrard en région parisienne et de Saint-Egrève en Isère, la construction de l'asile se veut pavillonnaire. La chapelle marque la séparation des quartiers hommes (au sud) et femmes (au nord). Pour chaque sexe sont prévus neuf ? quartiers de classement ?, attribués aux différentes catégories de malades : tranquilles et semi-tranquilles, épileptiques, agités? Au delà des bâtiments habités, s'étendent les terres cultivées, la ferme des hommes, la ferme des femmes, les ateliers, granges et porcherie, où peuvent travailler certains malades. L'asile pourra ainsi développer une intense activité agricole et vivre en autarcie. L'établissement ouvre ses portes en 1876, et devient en 1937 l'Hôpital psychiatrique départemental du Vinatier. Conçu au départ pour 600 aliénés, des agrandissements s'avèrent rapidement nécessaires. La question de la surpopulation perdure jusque dans la deuxième moitié du XXe siècle, où la prise en charge de la maladie mentale est géographiquement sectorisée et partagée avec les autres établissements (Saint-Jean de Dieu, Saint Cyr au Mont d'Or), et où des structures de type dispensaires voient le jour extra muros. Modernisé en grande partie depuis les années cinquante, le Vinatier conserve des traces de son passé asilaire et champêtre, à travers les bâtiments anciens réhabilités, l'organisation spatiale et architecturale des différents pavillons, et divers éléments qui témoignent du fonctionnement de l'asile. Ce patrimoine de l'hôpital permet de concevoir aujourd'hui encore l'assistance aux malades mentaux telle qu'elle était pensée au XIXe siècle, système utopique qui a prévalu à la construction d'une série d'établissements en France.